Grand Palladium

Grand palladium (c) rod maurice

BIOGRAPHIE

GRAND PALLADIUM – EDITION DELUXE

11 JUIN 2021

[ UPTON PARK ]

C’est dans les arrière-cuisines que naissent les orfèvres. C’est dans la tiédeur de certaines nuits que surgissent les rencontres. Toutes les rencontres, les plus belles, les plus incertaines aussi. Quand la nuit s’invite dans l’arrière cuisine, il n’en sort souvent qu’un café avalé hâtivement, et un au revoir turbo aux aurores aperçues. Parfois, sur le rebord de l’évier ou sur le mange-debout à peine débarrassé des souvenirs du soir, le hasard vient recouvrir d’un drap d’or et de promesses les premiers moments de l’idylle. Et s’il ne se permet pas d’offrir l’éternité, il encourage au moins l’aventure à durer au-delà de l’instant.

Cette vérité vaut pour les amants qui ne se sépareront pas, pour des amis qui ne se quitteront plus, pour des artistes qui envisageront davantage. Cette vérité vaut pour Grand Palladium. Il y a, dans le processus qui unit Kevin Moal et Vincent Dauvergne cette dimension qui tient, fragile, dans le creux d’une main mais qui change radicalement les trajectoires. Parce que ces deux-là avaient un peu mordu la poussière, d’espoirs douchés par les averses contraires quand tout semblait sourire : l’amère expérience de Lazhar, groupe pourtant magnifiquement imparfait, resté de peu à l’arrière des berlines. Les tours de chants en velours de Kevin, dans les moiteurs de nuits houblonnées brestoises, crucifiées à mesure que les autorités ignorantes fermaient les bastringues. Pour ces deux-là, le hasard a longtemps été un fils de chien.

Mais s’il est permis de douter de la justice divine, il ne peut en être de même pour la justice des hommes. La justice qui fait que ces deux-là devaient finir par se trouver, la justice qui fait qu’ils se sont trouvés. La justice qui dit que l’on peut faire l’amour dans un camion vert et qu’Élise ou Émilie, au fond, restent libre de choisir pour le mieux. Pardon, mais dans l’époque, ce n’est pas tout à fait rien.

Dans cette logique, le premier album de Grand Palladium a quelque chose de miraculeux. Pourquoi ? Dune part, parce que ce disque vient de leurs tripes et de notre histoire commune. Leurs tripes, leurs âmes, leur travail qui ont fait que ces onze titres ont été éprouvés, corrigés, rapiécés, étrennés dans des lieux où il ne fallait pas que la musique soit moins belle que le soleil mourant sur un fond de rade de Brest. L’un de ces lieux où le vert dispute au bleu le soin de la splendeur, où l’anse parfaite de la courbe des grèves confine à une certaine idée du sublime. Ici, on ne peut pas faire n’importe quoi. Comme une fidélité mâtinée aux Beach Boys et aux Beatles où se seraient glissées les illuminations poétiques d’un Souchon, d’un Sheller à l’occasion mais aussi et surtout la filiation phénoménale de groupes aussi importants que les Innocents ou l’affaire Louis Trio. A y réfléchir, des années plus tard, la French Pop n’avait jamais été aussi bien portée.

Les 11 titres de leur album éponyme résument parfaitement ces influences mélodiques. De l’incroyable morceau d’ouverture, « Tant que la nuit veut tomber » et sa structure en trois actes, aux tubesques « Emilie » ou « J’aime », ou encore à la profondeur pleine de promesses de « Laisse aller » qui clôt cet album à l’optimisme revigorant en ces temps sinistres.

Ce premier album de Grand Palladium est tout simplement plein d’amour : riche, positif, léger et profond à la fois, déterminé, poétique, parfois désabusé, et surtout profondément optimiste et généreux. Un album fait avec cœur et passion, et ça s’entend de la première à la dernière seconde.

Enregistré par Benoît Fournier (Matmatah) et mixé par Julien Carton et Tristan Nihouarn, l’album a ensuite été masterisé à Abbey Road Studios à Londres par Frank Arkwright.

A l’exception des batteries, faites par Benoît Fournier, tous les instruments ont été joués par Vincent Dauvergne et Kevin Moal : Guitares, basses, pianos, violons, harmonicas, Dobro, percussions, et bien sûr leurs deux voix, toujours si élégamment mêlées. Le duo est aussi à l’origine des concepts visuels et réalise tous les clips du groupe, poussant le DIY à son maximum, toujours avec talent et détermination, et clairement à contresens des tendances actuelles et de la vulgarité des musiques dite urbaines.

Nous, nous sommes toujours en attente de la réouverture de la mine d’or et de ses nouveaux pionniers, de ceux qui ne mentent pas et se sentent prêts à s’habiller de toile de jute et de chapeaux troués pour une pépite. On sait, intuitivement, qu’ils viendront en guitares et en mélodies. Il n’y a pas besoin de sortir d’une école quelconque pour deviner que les Brestois de Grand Palladium ont déverrouillé le loquet de la mine. Ils ont même fondu un jonc en or blanc serti d’un premier diamant, une plage hypnotique, une plage bleue sous un ciel noir. After the gold rush, la ruée vient de recommencer. Elle est partie de l’Ouest. Encore un peu plus à l’Ouest.

Un an après la sortie de leur album éponyme, Grand Palladium surfe sur la vague et réédite celui-ci en édition Deluxe, apprêté de titres inédits et de surprises.