BIOGRAPHIE
DÉSOLÉ pour les FANTômes
25 FÉVRIER 2022
[ Déjà / L’Autre Distribution ]
Théories de l’esprit et chansons équilibristes, le revenant Benoît Dorémus nous remercie.
“Merci ! Merci beaucoup d’avoir compris ce que c’est d’être un artiste en 2021 !”
Ce sont par ces mots de juillet 2021 que Benoît Dorémus clôture le crowdfunding de son cinquième album, Désolé pour les fantômes, saluant sur la toile ses fans de toujours. C’est aussi ainsi, comme à chacun de ses disques, qu’il récapitule sa vie de saltimbanque sur le premier titre de ce nouveau chapitre de sa biographie… »On croit en moi« .
C’est par cet egotrip pensif agressif que le chanteur adulte consentant pose le ton de ce nouvel album, son flow assuré sur des beats électro et des guitares discrètes.
Car oui, on croit en lui. Quinze ans déjà qu’il est là, funambule de la chanson française, un peu plus à chaque fois, indépendant et ouvert. Il nous cherche et trouve des alliés, autrefois des idoles d’enfance, aujourd’hui de nouveaux talents, le duo Kiz, Marc Parodi et Alice Chiaverini, qui posent ici pour lui des nappes et des rythmiques, enregistrent en quinconce ses chansons nues.
Sur le fil encore une fois, Benoît Dorémus trouve son équilibre, penche parfois vers le féminin, de tendres portraits de femmes, puis vers le masculin, du subtil, il virage à 360° vers le potache, glisse, agile, comme dans le clip de ce premier morceau, sur ses rollers. Il se balance, souple et déterminé à nous surprendre de toutes les facettes de ses quarante et un ans.
Avec Bénabar, il est la caricature du dragueur relou du bar, avec Clio, il est l’amant fragile qui ne sait comment ranger ses valises. Un genou de ballerine qui craque, « La Danseuse blessée« , et le poète tombe amoureux. Les voilà, les fantômes, qui virevoltent aussi dans “Pas d’enfant” ou “Douze ans sans te voir”, sur les pianos de Johan Dalgaard, des instants suspendus d’innocence perdue.
Et puis, l’homme se redresse, reprend le cours de sa vie, accélère dans les virages, s’amuse de ses travers, “Je retiens les dates des morts”, “Un simple rappel à la loi”, du spoken word, des mots scandés pour dire qu’il est un homme, quoi de plus naturel ?
Quelque part entre la terre et le ciel, le chanteur plébiscité de l’espace par l’astronaute Thomas Pesquet (le titre « Rien à te mettre » tweeté en direct des étoiles) nous rappelle que nous sommes des êtres complexes qui vivons dans plusieurs dimensions, qu’on ne peut pas se battre contre les fantômes, mais que l’on peut les laisser reposer en paix.
« Le passé existe-t-il encore quelque part ? » demande mon philosophe préféré, Etienne Klein. Je n’en sais rien, répond l’humble chanteur que je suis, mais il faut reconnaître qu’il inspire !