BIOGRAPHIE
SOCIAL VIOLENCE
25 mars 2022
[ BITTER NOISE / JEUDIS DU ROCK / l’autre distribution ]
On a beaucoup reproché, en France, dans les chapelles du rock, au revival garage des années 2000, Strokes, Libertines et autres imitations françaises labellisées baby rockers, d’être plus plastiques que militants, de ne pas être à la hauteur de leur contenant, slims moules branlettes noirs, dans leur contenu. N’en déplaise aux créateurs de ces phénomènes de mode, on ne fait pas du punk rock pour épater les défilés haute couture, si on se prétend héritier du No Future, il faut avoir de la rage ou au moins du répondant.
C’est le cas des Fabulous Sheep, qui non seulement maîtrisent tous les codes du rock post punk, mais assument en anglais leur conviction d’une nécessité d’Internationale jeunesse indignée. Bon, il faut dire qu’ils viennent de Béziers, la ville de Bob, un Twin Peaks à la française où ils se rencontrent au lycée. Dès 2016, ils sortent un premier EP, « Kids are Back » suivi d’un premier album en 2019, ils jouent des centaines de concerts, ils sont bruts comme une pinte de Bitter.
Et puis vint 2020, une année pyjama, à tricoter les amplis pour étoffer le son des basses et des saxes, des guitares et des coups de caisses claires. C’est d’ailleurs par là qu’ils nous attrapent les yeux, le clip de Satellite, sorti début octobre, où Timothée Soulairol, Piero Berini, Charles et Jacques Pernet, Gabriel Ducellier, confinent en tenue de prisonniers du lit, leur frustration d’un monde 2.0 désormais accessible uniquement sur écran.
Social Violence, c’est le titre de ce deuxième album, un disque post-apocalyptique, où non sans humour, les cinq musiciens, nous incitent à réagir face à l’engourdissement du monde, le futur Blade Runner.
“We fight”, premier crissement de ces 11 titres, enfonce d’une batterie étourdissante le clou de la survie. Des titres courts, deux, trois minutes comme il se doit pour respecter l’efficacité du genre, à l’exception de “Mediterranean Cemetery”, un texte condensé pour cinq minutes de noyade tragique déclinée en slow. Des corps de migrants doucement refoulés sur la plage, “the sea is their cemetery, welcome to the 21st century”…
Les moutons sont électriques mais aussi éclectiques, car il n’y a pas qu’un seul rock dans ce disque, on y est pas uniquement punk, new wave ou garage, les partis pris servent les textes, les clins d’oeil aux classiques se bousculent comme avec les Clash pour servir l’anarchie, le blasphématoire “Believe in god ! ” RISE UP PEOPLE ! How can you believe in God ?
On y savoure la patte de Jim Diamond (producteur de The Whites Stripes et The Sonics). sur “Parasite” et “Dogs”, l’alternatif américain dans toute son efficacité, accompagnés de leurs clips qui nous rappellent les meilleurs moments des vidéos décalées DIY des 90’s.
Pour le reste du disque, Arbre E Saldana et Fabulous Sheep, nous offrent une production toute aussi léchée, réfléchie en studio pour mieux se déchaîner en live. Car si il y a bien un message à retenir de ce disque, c’est qu’il va falloir se battre pour ne pas devenir des androïdes !