BIOGRAPHIE
TOKOTO
18 NOVEMBRE 2022
[ PRINTIVAL / L’AUTRE DISTRIBUTION ]
Tokoto ? Le nouvel album de Bancal Chéri, serait-ce du football ? Hum, peut-être… Mais non. Du Fluxus, Lettrisme, Dadaïsme, voilà qui est bien plus plausible. Le supergroupe Bancal Chéri renonce aux étiquettes pour ce nouvel album onomatopée, qui imite le cri de la batterie pour onze chansons en cadavre exquis.
Le quatre têtes se compose de personnalités fortes qui s’imbriquent en harmonie. Dimoné, chanteur de folk, arpente Les Faunes noctambules des salles de concert depuis les années 90. Mathias Imbert, contrebassiste en solo depuis 15 ans, plébiscité pour son projet Imbert Imbert et ses écarts de sons. Nicolas Jules, romantique chanteur au syndrome de Peter Pan, s’envole aussi bien des planches des théâtres que de celles des premières parties prestigieuses d’Higelin, Nougaro ou de Dominique A. Et puis, il y a Roland Bourbon, couteau suisse de la création du spectacle vivant. Percussionniste,compositeur, directeur artistique de son opéra rock, une odyssée de 2001.
Réunis par Dany Lapointe autour d’un premier hommage à Boby Lapointe en concert, ils ont spontanément gobé le profil du funambulesque chanteur. Boby était un redoutable génie des chiffres et des lettres, ses jeux de mots dispersés en jeux d’échecs sur ses partitions sont encore sujets à discussion. Des jeux d’esprit que l’on retrouve avec délectation sur le premier album de Bancal Chéri en 2018.
“On s’amuse.” Voilà, tout est dit. Il n’y a que du plaisir dans ce joyeux bordel de chansons. Pas d’autocensure, pas de contrainte, pas de jugement. Le groupe fait loi et chacun respecte les univers de l’autre, Tokoto est un assemblage, une transe qui emporte le public en concert, dessine une ligne imaginaire en scopitone. A la réalisation du triptyque de clips, David Vallet, qui capture, une pérégrination dans la nature, à la manière des Leningrad Cowboys de kaurismaki. Un look de tribu ermite de fin du monde qui entre dans l’ère TOKOTO.
Bancal Chéri ouvre sur une BELLE PETITE GUEULE, Dimoné et Imbert Imbert au chant, respectivement guitare et grosse contrebasse et puis deux batteries, Nicolas Jules et Roland Bourbon, comme pour ORAGE, font trembler le sol. Belle petite gueule, c’est l’Amérique, l’individualisme traduit en post rock, avec solo de guitare et accents new wave, un titre ado qui raconte l’histoire d’une tête de nœud coincé en voiture dans une manif.
Et puis, c’est VIANDE FROIDE, l’histoire du vampire cérébral, qu’on aurait jamais dû inviter à dîner, celui qui glace l’ambiance, assaisonne les plats de silences et d’accords jamais résolus. Avec Nicolas Jules au chant. Tout comme dans PLEIN ÉTÉ, où la douceur de Nicolas, virevoltant sur les claviers de Dimoné, se crispe d’un monde vide de curiosité, qui traite à la radio, la laideur du monde avec autant de désinvolture que des interviews de chanteuses de variété.
Car voilà, l’absurde est notre monde. Nous vivons en plein Dada. Dès le troisième titre du disque, le constat est là.
On file vers les déserts du sud de l’Amérique, le Far Est de la France, Kat Onoma, ou bien les Pixies, des guitares égratignées et des chœurs entêtants, un TANGO DÉSARGENTÉ pour homme d’affaires blasé. L’Orage éclate. “J’ai bu mon verre d’orage pour apprendre à gronder”. Une ivresse noyée de percussions. Pourtant, il n’y a pas de destruction dans Tokoto. Les émotions se juxtaposent comme dans un mikado. Il s’agit de ne rien laisser choir, observer tous les détails, s’extasier d’un grain de beauté, ou bien trouver de la joie avec Roland Bourbon en criant Yeah !
Le disque se termine par un accent de Caraibes, TONTON TAMBOUR, une chanson pour Roland, le roi de l’amour, qui fait onduler les hanches, un portrait amusé du dieu musicien, avec Nicolas Jules au chant.
Bancal Chéri, c’est un langage, une ivresse sobre, une balade dans nos inconscients,
une nourriture vitaminée pour nos petites cellules grises. Tellement Tokoto !