TIWIZA

Tiwiza (c) Not

BIOGRAPHIE

AMENZU

5 MAI 2023

[ MA CASE / ABSILONE ]

Premier né de l’aventure Tiwiza, Amenzu, l’aîné, se joue, guitare, basse, batterie. Il est rock, très rock, proche du son de la Black Rock Coalition des 90’s et pourtant, il ne se chante ni en anglais, ni en français, ni en arabe ! Non, Amenzu est Kabyle, la langue maternelle de Sofiane Aït Belaïd. Il arrive en France à peine adolescent, l’Afrique est dans son sang. Marqué par l’engagement du poète rebelle, assassiné en 1998, Matoub Lounès, Sofiane poursuit les combats de l’artiste militant de la cause identitaire berbère en composant et en chantant dix chansons d’amour et de révolte. Il s’agit ici de danser, mais aussi et surtout de penser. Le son est blues, fusion, des Clash à Tinariwen en passant par Lenny Kravitz, sans oublier les racines, Idir, Gnawa diffusion ou Sidi Bémol, il explose d’énergie. Du blues touareg des frères berbères, au gnawa, le disque explore une culture amazigh qui s’étend sur 9 pays, se mélange à la soul et au rock américain, avec comme clé du sol, la gamme pentatonique…Un rock universel !

Le premier titre, At U Azeka, parle aux générations futures.Tiwiza rend hommage aux victimes des incendies en Kabylie, mais dénonce aussi ceux qui divisent kabyles et algériens, éteignent la révolte
plutôt que le feu. Car, c’est là le fond du problème, la liberté d’être soi-même. Mille fois envahie par des tyrans, grecs, romains, arabes, français ou turcs, la Kabylie se tient toujours droite et fière, face à l’injustice. Célébrés, dès le deuxième titre du disque, Leqbayel, les kabyles, lance dans un break de cris, l’appel à la résistance. Véritable prouesse de guitares héroïques, Nekk D Amazigh, explique, “je suis amazigh”, je suis “l’homme libre”, le vrai nom des berbères. Les paysages s’enchaînent, chaque titre à sa couleur.

Vague à l’âme…Dans Taferka, Sofiane pleure son Afrique divisée entre noirs et blancs, une terre qui se vide de ses enfants. Quant à Tilawin, cette chanson à tiroir où les refrains chantés répondent aux guitares, elle raconte les trois temps de l’histoire d’une femme, amoureuse, mariée puis mère, elle valse face à son amant, son mari puis son fils, se demande si l’on a vraiment besoin des hommes…

Puis vient la complainte, Ayen Akka A Zzman, le blues existentiel, pourquoi toujours faire passer les richesses avant l’humain ? Quand s’arrêtera-t-il le torrent de misère qui gobe la matière grise ? Et comme un mantra, retour aux sonorités du désert vient Ay Adrar Inu, de la poésie pour célébrer la montagne qui surplombe le village, observe immobile, l’histoire des hommes. La fierté des hommes libres se chante sur un riff nerveux de guitare, Nnif N Imazighen. Enfin, c’est l’amour impossible et  surtout la frustration qui tapent fort sur la batterie, un cri du cœur avec Tayri Berka – Iyi, l’amour, je n’en peux plus ! Et c’est finalement par un bijou de rock, Stonien, que l’album prend fin, toujours en résistance, il faut faire partir les grosses moustaches ! Yehwa – Iyi, apothéose de ces dix voyages dans l’histoire du rock et de l’Afrique.